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L’ébourgeonnage des veaux en bio, une technique pointue !

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L’ébourgeonnage est pratiqué sur de jeunes animaux, il consiste à détruire le bourgeon cornual (ou cornillon) afin d’empêcher le développement de la corne.

Cette pratique, souvent jugée pénible voire contraignante par les éleveurs, se révèle essentielle pour leur sécurité. Elle permet aussi de réduire les risques de blessures occasionnées aux autres animaux du troupeau et limite la compétition pour l’alimentation (les animaux cornus sont dominants).

Les cornes sont une paire d'excroissances osseuses, dures et permanentes qui poussent sur la tête des bovins, à partir de cellules épidermiques situées à leur base. Quand le veau atteint l'âge d'environ deux mois, les cornes se soudent à l'os frontal du crâne. Un sinus (cavité) apparaît à l'intérieur du crâne sous le cornillon. Au fur et à mesure que la corne pousse et se soude au crâne, ce sinus frontal se prolonge jusque dans la partie de la corne qui lui est adjacente.

Afin de se prémunir des problèmes liés aux cornes, il est possible de réaliser leur ablation via 3 types d’interventions ; l’ébourgeonnage, l’écornage et l’épointage, pour lesquelles des obligations et des restrictions s’appliquent en élevage biologique. Certaines interventions sont soumises à une demande de dérogation auprès de l’INAO.
 

 

Ebourgeonnage

Ecornage

Epointage

Définition

Destruction du bourgeon cornual

Les cornes développées et soudées à l’os du crâne sont coupées

Le bout des cornes (non vascularisé) développées est coupé

Age d’intervention

Entre 15 jours et 1 mois

A partir de 2 mois

Quand la corne est suffisamment développée

Dérogation

Demande de dérogation annuelle pour un nombre d’animaux prévisionnel

Demande de dérogation en identifiant les animaux concernés

Pas de demande de dérogation

 

 

L’ébourgeonnage et l’écornage sont autorisés au cas par cas par la règlementation européenne relative à la production biologique, seulement si ces opérations améliorent la santé ou le bien-être des animaux, ou lorsque la sécurité des travailleurs est compromise.
La demande doit être dûment justifiée et l’opérateur doit mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour réduire au maximum la douleur des animaux liée à l’intervention.

La prise en charge de la douleur repose sur la combinaison de trois types de produits vétérinaires permettant d’agir sur les trois composantes de la douleur.

-    Le sédatif : L’administration d’un sédatif permet de tranquilliser l’animal, de gérer son stress, afin de faciliter l’intervention. Attention : un sédatif n’est pas un anesthésique mais peut avoir un effet analgésique (il diminue la douleur à partir d’une certaine dose). Toutefois, il ne permet pas de gérer la douleur post-opératoire.
-    L’anesthésique : L’anesthésie locale du nerf cornual est obligatoire à partir de l’âge de 4 semaines. Elle est aussi vivement conseillée pour les veaux plus jeunes. L’intervention d’un vétérinaire n’est pas obligatoire. Il est néanmoins recommandé d’apprendre le geste lors d’une formation spécialisée. 
L’anesthésie générale est rarement pratiquée pour des opérations d’ébourgeonnage ou d’écornage. Seuls les vétérinaires sont habilités à pratiquer une anesthésie générale.
-    L’analgésique, anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) : Il est obligatoire d’administrer un AINS, au plus tard au moment de l’intervention. 
 

BOVINS

Moins de 4 semaines (jusque 28 jours)

Plus de 4 semaines

La sédation est conseillée

L’anesthésie locale est conseillée

L’intervention est obligatoirement pratiquée sous anesthésie locale

La douleur post-opératoire est obligatoirement prise en charge par une analgésique et ce, au moyen d’un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) approprié

 

L’usage des huiles essentielles, homéopathie, bombe froid… n’est pas considéré comme efficace par l’INAO qui refuse les dérogations qui ne proposent que l’usage de médecines complémentaires. En revanche, il y a un réel intérêt à ce qu’elles soient utilisées en complément. 

 

La Chambre d’agriculture organise des sessions de formation pour initier les éleveurs à la gestion des ébourgeonnages dans le respect du bien-être animal.
La dernière a eu lieu le 20 mars 2024 et a permis de former 7 éleveurs à la technique. Le formateur, obligatoirement un vétérinaire, dédie la matinée à la transmission des notions théoriques aux stagiaires. Il parle d’anatomie, de physiologie, des techniques d’écornages, des produits vétérinaires à utiliser, du matériel nécessaire, des posologies et des points d’injections.  L’après-midi permet aux éleveurs de pouvoir pratiquer sur les veaux de l’un d’entre eux.  
A l’issue de la formation les témoignages sont unanimes : « la méthode de gestion de la douleur des animaux lors du geste est abordable et facile à mettre en œuvre. Elle devrait être vulgarisée non seulement aux éleveurs en agriculture biologique mais à tous les éleveurs désirant faire du bien-être animal une priorité ».
Cette formation est ouverte aux éleveurs en bio et en conventionnel, en bovins laitiers et allaitants. Elle est labellisée « bien-être animal ».
Contactez votre technicien Chambre d’agriculture si vous êtes intéressés par cette formation

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