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Jusqu’où réduire le travail du sol en maïs ?

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Le maïs est une culture très exigeante en termes de structure du sol. La suppression du labour doit être bien réfléchie et adaptée aux conditions de la parcelle.

 

 

 

 

 

 

 

 

Les implantations sans labour, occasionnelles ou permanentes, avec ou sans travail du sol, se développent à des degrés divers selon les territoires, les cultures et les conditions de l’année. Les objectifs recherchés par les agriculteurs sont généralement multiples : meilleure portance, moindre perturbation de la vie du sol, réduction de la battance et de l’érosion, couverture maximale des sols en interculture, gains éventuels de temps et de charges de mécanisation…

En plaine, la culture de maïs est le plus souvent implantée après un labour suivi d’une ou de plusieurs préparations de sol avec un outil à dents ou une herse rotative (plus de 4 fois sur 5). Quand le non-labour est pratiqué, un décompacteur, un fissurateur ou un déchaumeur remplacent presque toujours le travail de fissuration réalisé par la charrue : on parle alors de « TCS » pour Techniques Culturales Simplifiées.

 

Quel résultat sur les rendements ?

De nombreuses expérimentations au champ ont été conduites dans le Nord et le Pas de Calais au cours des vingt dernières années à ce sujet. Il en ressort, comparativement au labour, des levées généralement similaires en TCS, avec parfois des difficultés d’enracinement des maïs lorsque le sol était compacté : les rendements se sont avérés en moyenne 4% inférieurs en non-labour décompacté, et 7% inférieurs en non-labour déchaumé. Pour profiter pleinement des bénéfices d’une implantation sans labour en TCS, l’agriculteur doit donc préserver la structure de ses sols, et savoir la régénérer efficacement en cas de compaction.

 

Semis direct et strip-till en maïs ; bonne ou mauvaise idée ?

Quelques agriculteurs souhaitent aujourd’hui aller plus loin, en supprimant totalement le travail du sol : on parle alors de « semis direct », celui-ci pouvant éventuellement être réalisé sous un couvert végétal détruit ou vivant. Chez nous, les retours d’expériences sont assez régulièrement décevants en maïs, car aux risques de compaction en non-travail se greffent souvent des manques de levées et de vigueur au démarrage en raison de sols plus humides et plus froids. Parfois des effets dépressifs dus aux adventices voire à des couverts végétaux mal gérés viennent amplifier le phénomène. D’où le test de techniques hybrides, appelées « strip till » (littéralement travail du sol limité à la bande de semis), alliant un travail du sol sur le rang pour réchauffer le sol et l’émietter afin d’améliorer le contact terre-graine, et un inter-rang non travaillé qui conserve sa portance et ses résidus végétaux protecteurs.

La Chambre d’agriculture teste depuis plusieurs années ces itinéraires d’implantation très simplifiés, en comparaison à des conduites de référence en « TCS ». Les expérimentations ont mis en évidence l’effet très positif du strip-till pour la levée et le démarrage des maïs, par rapport au semis direct véritable pour lequel les levées sont régulièrement handicapées. Dans un sol en bon état, les rendements en strip-till se sont avérés équivalents aux conduites en TCS. Ils ont, par contre, été réduits de 10 à 30% en cas de compaction (les racines sont cantonnées dans la zone travaillée par la dent de strip-till et peinent à coloniser les horizons profonds).

Le semis direct est resté quant à lui toujours en retrait, avec une perte de rendement d’environ 10% en bonnes conditions, et de 15% à plus de 50% en mauvaises conditions (sillons de semis mal refermés et lissés, compaction, sol humide et froid, concurrence d’adventices). L’acquisition de références sur ces techniques très poussées de réduction du travail du sol se poursuit cette année dans le cadre d’une convention avec l’agence de l’eau Artois-Picardie.

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