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«Il faut oser le changement et savoir relever des défis»

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David DUCELLIER, installé en polyculture-élevage depuis 1992 sur l’exploitation familiale dans le Pas-de-Calais (62) nous explique son déclic agro-écologique.

Pourquoi avoir fait évoluer vos pratiques ?
Depuis toujours, je suis sensible à cette philosophie qu’on appelle aujourd’hui l’agro-écologie. Mes rencontres ont souvent été déterminantes. Il y a eu d’abord mon père, qui était déjà ouvert à toutes ces réflexions. Puis, mes professeurs et les échanges avec les conseillers de la Chambre d’Agriculture. En matière de travail du sol, je citerais cette rencontre inoubliable avec un expert venu sur mon exploitation. J’ai tout de suite compris qu’il fallait arrêter de labourer pour préserver mes sols.

Quels conseils donneriez-vous à un agriculteur qui veut se lancer ?
Il faut tenir compte de l’existant, du contexte de l’exploitation et se fixer un cap. Avec les contraintes de mon exploitation (terrain vallonné, prairie humide, type de sol…), j’ai vite compris qu’il ne servait à rien d’intensifier la production et qu’il fallait plutôt raisonner le système et limiter les intrants. Il faut être très patient, se fixer des objectifs raisonnables, être convaincu et se faire confiance. Aujourd’hui, j’arrive à maintenir mon taux de matières organiques. Mon sol est plus vivant et bien plus portant. Il est essentiel de communiquer et de partager ses expériences pour avancer, faire partie d’un réseau d’agriculteurs et se former régulièrement.

Concrètement, quelles sont les pratiques agro-écologiques mises en place ?
Concernant la fertilisation organique, j’ai commencé très tôt par des choses classiques mais essentielles : l’analyse du fumier, des pesées d’épandeurs, des analyses de sol et des reliquats azotés, avant même que la réglementation ne l’impose. J’ai aussi opté, lors de la mise aux normes des bâtiments, pour un logement aire paillé intégral pour mes vaches pour avoir du fumier, le lisier acidifie trop les sols à mon goût.

En 1995, j’ai décidé de composter mon fumier en bord de champ, puis j’ai ralenti cette technique du compostage car je trouvais que ça détruisait trop la matière et entraînait des pertes gazeuses. Aujourd’hui, je préfère épandre du fumier mature préalablement stocké durant 9 mois. Je l’épands sur couverts végétaux à l’automne, durant la période de reproduction des vers de terre. J’épands du fumier composté uniquement sur mes prairies.

Depuis plus de 10 ans, je pratique le semis direct sur toute mon exploitation. Pour limiter les maladies, je réalise des mélanges de variétés de blé. En élevage, je fais des croisements avec des espècesplus rustiques. Elles produisent moins de lait mais sont moins sensibles à la maladie. Je couvre aussi mes sols l’hiver et mets des prairies temporaires pour limiter l’érosion. Pour favoriser la biodiversité, j’entretiens mes haies et installe des piquets dans les champs pour attirer les rapaces qui me libèrent des mulots.

 

Chiffres clés de l’exploitation :

SAU : 200 Ha
Les activités de la ferme se partagent entre la production de lait et les cultures de céréales.
Main d’oeuvre : Actuellement en EARL, il emploi 1 salarié et 2 apprentis.
Production laitière : 870 000 litres

 

Le déclic agro-écologique, moi aussi je me lance !

Interview réalisée dans le cadre du plan Agro-Ecologie Haut-de-France, avec le soutien du CASDAR.

 

Plus d'information: agroecologie@hautsdefrance.chambagri.fr

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