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Consommation bio : un retournement du marché provisoire ?

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Après des taux de croissance à deux chiffres de la consommation, le marché s’infléchit. Les crises actuelles déstabilisent toutes les prévisions de croissance et douchent tous les esprits. Le consommateur peut-il encore porter le développement du bio ?

Une consommation en berne

A la lecture des chiffres clés publiés par l’Agence Bio, la progression semblait sans limite jusqu’au jour où… de diverses études sur la consommation de produits biologiques nous apprennent que le consommateur diminue ses achats de manière significative en termes de volumes et de valeurs.
Tous les circuits de distribution sont impactés par cette baisse de consommation, que ce soient les GMS ou les Hard Discount. Les magasins bio n’échappent pas au mouvement mais dans une moindre proportion. Concernant la vente directe, les producteurs de Hauts-de-France ressentent une baisse très significative de leurs ventes.
Selon un article publié dans LSA Green, le retournement du marché s’explique par trois raisons majeures :
· L’offre est beaucoup moins poussée par la distribution classique (GMS),
· Les classes populaires et moyennes ont considérablement ralenti leurs dépenses en produit bio,
· Le prix reste un frein puissant.

Au sein des GMS, le bio est sur-représenté et les rotations des produits bio dans les linéaires n’atteignent que 70 % du conventionnel. Ils sont donc déréférencés pour certains. Les consommateurs qui ont tiré la croissance depuis plusieurs années ne sont plus au rendez-vous.
Les mauvaises nouvelles s’enchaînent : baisse du panier en valeur, de la fréquentation des linéaires, avec une baisse des prix à la clé. On parle aussi de grandes quantités d’invendus et de surproduction voire de déclassement de productions bio vers le conventionnel.

Relancer la consommation selon l’Agence bio

Le consommateur va-t-il sauver le marché de la bio ? Les analystes du marché prédisent que le consommateur ira encore plus vers la sécurisation et vers la qualité des produits. La filière bio a donc toute sa place face à un produit conventionnel qui répond à la question du pouvoir d’achat.
Les Pays Bas ont vécu une crise similaire de la demande dans les années 2010. Une campagne de communication avait permis la relance de la consommation. L’Agence bio a donc prévu de faire campagne avec l’aide des interprofessions et Natexbio - Maison de la BIO (entreprises du secteur Bio). Le message rappellera les fondamentaux de la bio face aux autres signes de qualité et tous les autres labels mieux-disant. La communication s’orientera vers les bénéfices environnementaux, la promotion du mode de production de la bio, et la rigueur de sa certification.
La campagne publicitaire sera déployée lors du Printemps BIO, qui débutera cette année le 22 mai à l’occasion de la journée mondiale de la biodiversité. Alors comptons sur le pouvoir du « Consom’Acteur » français pour jouer ce rôle à son tour.

Une nécessaire contractualisation pour résister au marché
Dans le contexte anxiogène actuel, tous nos repères sont chamboulés et nos raisonnements économiques hypothétiques face à la mondialisation et ses interactions sur les marchés des matières premières agricoles. Le bio sera probablement entraîné dans la tourmente aussi. Le marché du bio aborde donc une phase d’ajustement après cet élan de croissance. En y regardant de plus près, le marché du bio est positif sur le long terme et cette pause va permettre de stabiliser les marchés pour équilibrer l’offre et la demande.
Pour le producteur, c’est grâce à l’efficience économique de sa rotation et la nécessaire contractualisation de ses productions qu’il arrivera à lisser les impacts de cette phase historique d’évolution du marché.

Alain Lecat, Chambre d’agriculture de la Somme

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