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Comment l’Agence de l’Eau Artois Picardie accompagne les territoires dans la lutte contre l’érosion ?

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Dans le cadre de son 11ème Programme d’interventions, l’Agence de l’eau a recentré sa politique érosion. Explication avec Thierry VATIN, Directeur général de l’Agence de l’Eau Artois Picardie.

 

 

 

 

 

Quels sont les grands axes de cette nouvelle politique ?

L'été 2022, marqué par des records de chaleur et un déficit global de pluie, démontre que le dérèglement climatique est bien une réalité y compris en région Hauts-de-France. Les prévisions climatiques, pour les prochaines années, tendent à une généralisation de ces étés secs et caniculaires avec une augmentation d’évènements extrêmes. Aujourd'hui, pour faire face à ce dérèglement, il est nécessaire de faire évoluer nos modes d'occupation et d'usage des sols, en zone urbaine comme en zone agricole, et d’accompagner cette évolution.

Le bassin Artois-Picardie est l’un des territoires les plus sensibles à l’érosion avec des taux parfois supérieurs à 1 tonne/ha/an. Cette érosion, et notamment les coulées de boues, a des conséquences sur les biens et les personnes mais également sur la qualité des milieux aquatiques. Cette lutte contre l’érosion constitue un enjeu majeur pour l'atteinte des objectifs de bon état des masses d'eau, fixée par le Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux, le SDAGE, qui s’applique sur la période 2022-2027.

Dans le cadre de son 11ème Programme d’interventions (2019-2024), l’agence de l’eau a recentré sa politique « érosion » sur la mise en œuvre d’actions préventives pérennes et efficaces ayant trait à l’évolution des pratiques agronomiques, en complément des actions curatives de mise en œuvre d’ouvrages de lutte contre l’érosion (hydraulique douce, ouvrages structurants).

Cette recherche d’efficacité a conduit l’Agence à prioriser ces interventions sur des secteurs à enjeux pour les milieux naturels sur lesquels une démarche de lutte contre l’érosion est pilotée par les collectivités.

Cette stratégie se décline comme suit :

1)Le financement d’animation sur les territoires afin de faire émerger des politiques de lutte contre le ruissellement et l’érosion des sols en lien avec la protection des milieux aquatiques.

2)Le financement d’études opérationnelles sur les zones à enjeux pour mettre en œuvre des actions cohérentes. Ces programmes d’opérations doivent combiner des techniques qui permettent d’éviter, réduire et ralentir voire supprimer les eaux de ruissellement, le plus en amont possible.

Par ordre de priorité, l’Agence incite à :

  • mettre en œuvre des actions agronomiques pour gérer les eaux pluviales au plus près de leur point de chute ;
  • ralentir les écoulements pour favoriser leur infiltration grâce aux aménagements d’hydraulique douce et de régulation au fil de l’eau (haies, fascines…);
  • compléter, en cas de tamponnement insuffisant, par des ouvrages structurants de rétention et de ralentissement dynamique des ruissellements.

3) Le financement de programmes d’aménagements cohérents et performants permettant d’améliorer la qualité des milieux aquatiques.

Comment s’articule l'intervention de la Chambre d’agriculture avec le travail des animateurs érosion sur les territoires ?

Dans le cadre des objectifs d’atteinte du bon état des masses d’eau, c’est la collectivité qui est le pilote de la démarche de lutte contre l’érosion et qui peut bénéficier du soutien de la Chambre d'agriculture pour l’accompagnement aux changements de pratiques. (collectifs d’agriculteurs, valorisation d’expérimentations …)

Depuis 2022, l’agence de l’eau finance la Chambre d’Agriculture Nord-Pas de Calais pour l'accompagnement d'agriculteurs dans le changement de pratiques, sur plusieurs territoires retenus comme prioritaires au regard de l’enjeu milieu aquatique, l’idée étant de contribuer à aider les agriculteurs à améliorer leur Capital Sol.

Ce volet d’accompagnement aux changements de pratiques agricoles constitue le premier volet d’actions pour mener à bien une politique de lutte contre l’érosion, en coordination avec l’ensemble des acteurs du territoire, et grâce aux animateurs Erosion.

Quelles sont les résultats attendus et à quelle échéance ?

L’objectif principal est de faire émerger sur les territoires prioritaires des dynamiques locales permettant d’aboutir à la constitution de collectifs d’agriculteurs sur la thématique de la conservation des sols, via les actions de sensibilisation portée par la Chambre en 2023.

Ce mode de travail en collectif, véritable pilier de la transition agro-écologique, constitue une force pour mettre en place une dynamique d’évolution en facilitant l’expérimentation de nouvelles pratiques agricoles qui, au-delà de rendre notre agriculture plus résiliente, contribuera à l’atteinte du bon état des masses d’eau.