Houblon en Hauts-de-France: Une filière à l’étude

La consommation de produits locaux est en pleine croissance et concerne aussi la bière. En effet, la consommation française de bière a augmenté de 4,2% pour la 5ème année consécutive selon l’association Brasseurs de France. En 2018, le flot de nouvelles microbrasseries n’a jamais été aussi fort. La tendance est particulièrement visible en Auvergne-Rhône-Alpes, Bretagne, Occitanie et Hauts-de-France, la zone historique de la bière.
La demande grandissante des brasseurs
On dénombre aujourd’hui 47 brasseries dans le Nord-Pas de Calais et près de 80 en Hauts-de-France qui se composent de micro-brasseries et de brasseries artisanales à 63%. C’est dans ce paysage brassicole florissant que le problème d’approvisionnement en houblon local est apparu. La région compte 7 houblonniers produisant sur 36 hectares.
La majorité des brasseurs du Nord-Pas de Calais ont fait part de leurs besoins en houblon local pour la fabrication de bière, et notamment l’augmentation des volumes d’approvisionnement. En effet, cette plante fait partie des ingrédients majeurs de ce breuvage avec le malt, la levure et l’eau. Selon sa variété, le houblon va avoir des propriétés aromatiques ou amérisantes selon sa teneur en acide alpha. Les brasseurs importent 80% de ce produit de Belgique, Allemagne et des Etats-Unis. Leur demande en houblon local, forte en bio mais également en conventionnel, porte surtout sur des variétés amérisantes plutôt qu’aromatiques, moins adaptées à notre territoire.
Le Comité de Promotion du Nord-Pas-de-Calais a lancé une enquête auprès des brasseurs et mène une réflexion sur le développement de la filière locale de houblon. Dans l’Oise également une réflexion est en cours sur le sujet. APROBIO travaille également sur la filière bio en région. Si vous réfléchissez à diversifier votre exploitation et souhaitez plus d’informations sur cette culture, contactez vite le Point Info Diversification.
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L'expérience Normande: Guillaume Mesnildrey, Chambre régionale d’agriculture et animateur de l’association Houblon de Normandie
Comment est née l’idée d’implanter du houblon en Normandie?
Initialement, fin 2017, la problématique des brasseurs portait sur l’approvisionnement en malt. Au cours des échanges elle s’est orientée également sur celui du houblon local. En parallèle, les agriculteurs souhaitaient savoir si le sol et le climat normand étaient favorables à la culture de houblon. C’est avec cette demande en amont et en aval que l’on a décidé de mener une réflexion sur la pertinence de créer une filière houblon dans la région.
Comment avez-vous procédé pour la mise en place de ce projet avec les agriculteurs?
Une enquête auprès des brasseurs a révélé un potentiel intéressant. C’est une douzaine d’agriculteurs qui sont venus s’informer en réunion, puis 6 porteurs de projet qui ont choisi d’aller plus loin en implantant du houblon. Ainsi en mars 2019 est née l’association Houblon de Normandie.
Sur le plan technique, comment les avez-vous accompagnés?
Mon rôle est de les fédérer et de travailler ensemble sur la construction de la filière. Sur le plan technique certains agriculteurs sont allés se former en Alsace. L’association est en lien avec différents partenaires financiers comme la région Normandie, qui finance mon temps de travail consacré à l’association.
Où en est le projet aujourd’hui ?
Aujourd’hui, l’association compte 15 adhérents et je reçois des demandes d’adhésion tous les jours. Sur le plan expérimental, une cinquantaine de pieds bios, de 4 variétés différentes, ont été implantés cette année chez quelques agriculteurs et nous réalisons avec un laboratoire les premières analyses du houblon. Le but est de voir les variétés les plus adaptées au territoire pour ensuite les implanter, à plus grande échelle, au printemps prochain. Nous réfléchissons également à l’achat de matériels communs pour réduire les coûts d’investissements. Début juillet nous allons rencontrer le Crédit Agricole afin de leur présenter cette culture.
Quels sont les objectifs d’ici quelques années? et les débouchés économiques?
On peut espérer avoir une surface de 10 ha de houblon bio dans la région d’ici 5ans. On espère également pouvoir produire 1 tonne et demie de houblon bio.Le houblon sera vendu aux artisans et aux brasseurs amateurs et pas aux grosses industries de la bière. Le prix du houblon restera proche du prix du marché. Les brasseurs normands sont prêts à payer un peu plus cher le houblon bio local car ils peuvent le valoriser avec le label régional : Saveurs de Normandie. Ils utilisent 7 tonnes de houblon par an dont 3 tonnes en bio. Leur demande est très forte et tous les indicateurs sont au vert.
Le houblon en chiffres:
- 15 à 20 ans en monoculture
- Densité d’implantation : 3 000 pieds/ha
- investissement : 90 000€/ha dès le 1er ha, comprenant l’achat du matériel de récolte et de conditionnement et l’achat de l’infrastructure d’implantation, et 18 000€ pour les suivants*
- Bénéfice : 1 172€/mois pour 4 ha en bio à partir de la 3ème année de production (source : G.Mesnildrey, Chambre régionale d’Agriculture de Normandie)
- Prix de vente auprès des brasseurs : 12€/kg HT*
- Temps de travail : 250h/ha en moyenne/an*
- Chiffre d’affaires au bout de la 3ème année de production : 18 000€/ha en conventionnel et 22 000€/ha en Bio
* source Comité de Promotion du Nord-Pas-de-Calais
Point Info Diversification – Un seul numéro pour faciliter vos contacts
Aisne : Vivianne Demortier au 03.23.22.09.97
Oise : Laurence Lamaison au 03.44.11.44.66
Somme : Marine Delmotte au 03.22.33.64.59
NPDC : Vanessa Hucke au 03.62.61.42.33
Avec la participation financière du Conseil régional des Hauts de France, du CASDAR et des Conseils départementaux de l’Aisne, du Nord, du Pas de Calais et de la Somme.