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«Favoriser la biodiversité et la présence d’auxiliaires des cultures»

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Rencontre avec Sylvain DERAEVE agriculteur à Bayonvillers (Somme) et 1er prix national 2021 du Concours général agricole - Pratiques Agro-Ecologiques Agroforesterie.

Pourquoi avoir fait évoluer vos pratiques ?
La démarche agroforesterie a été initiée par mon père, Dominique, avec la conversion de l’exploitation en Agriculture biologique avec en parallèle un projet agroforestier. L’exploitation suit le cahier des charges Bio Cohérence, marque française de filière qui certifie du champ à l’assiette une agriculture biologique engagée dans une démarche sociale et environnementale.

Quels conseils donneriez-vous à un agriculteur qui veut se lancer ?
Il faut tenir compte de l’existant, du contexte de l’exploitation et se fixer un cap. Avec les contraintes de mon exploitation (terrain vallonné, prairie humide, type de sol…), j’ai vite compris qu’il ne servait à rien d’intensifier la production et qu’il fallait plutôt raisonner le système et limiter les intrants. Il faut être très patient, se fixer des objectifs raisonnables, être convaincu et se faire confiance. Aujourd’hui, j’arrive à maintenir mon taux de matières organiques. Mon sol est plus vivant et bien plus portant. Il est essentiel de communiquer et de partager ses expériences pour avancer, faire partie d’un réseau d’agriculteurs et se former régulièrement.

Concrètement, quelles sont les pratiques agro-écologiques mises en place ?
Plus de 10 km ont été plantés avec les bandes enherbées de 4 m aux pieds des arbres. Au total, 10% des surfaces sont consacrées aux éléments paysagers. Ces plantations visent à protéger les parcelles des dérives phytosanitaires tout en favorisant la biodiversité et la présence d’auxiliaires des cultures. Ces linéaires seront valorisés avec la production de bois de chauffage. Aujourd’hui, l’entretien des 10 km de linéaires d’arbres représente environ une semaine de travail par an, entre la taille et le broyage des branches. Les copeaux, une fois séchés, permettent d’alimenter la chaudière à plaquettes de l’exploitation et ainsi de chauffer une maison d’habitation, les bureaux et le four à bois, utilisé pour la transformation du blé en pain. 14 années après les premières plantations, outre la production de bois, je profite également des bénéfices pour les cultures, grâce à une plus grande biodiversité, bien que cela soit difficilement mesurable.

Finalement quel est le bilan ?
J’estime avoir subi une légère perte de rendement le long des plantations, mais obtenu un gain au milieu des rangs. L’avantage le plus visible aujourd’hui, et certainement l’amélioration du bien-être animal. En s’installant en 2015, j’ai introduit l’élevage de brebis allaitantes sur l’exploitation pour un système plus complémentaire. Le troupeau, qui reste dehors 9 à 10 mois/an quasi uniquement sur l’exploitation, profite ainsi de l’ombre des arbres l’été et reste protégé du vent et des pluies l’hiver.

 

Chiffres clés de l’exploitation :

SAU : 42 Ha
30,3 ha de grandes cultures, 10,5 ha de prairies et 1,2 ha en pré-verger, avec une cinquantaine de pommiers et poiriers hautes tiges.
Main d’oeuvre : 2 personnes
Elevage : 30 brebis allaitantes
Transformation à la ferme et vente directe

 

Le déclic agro-écologique, moi aussi je me lance !

Interview réalisé dans le cadre du programme Transagroforest, avec le soutien du CASDAR.

 

Plus d'information: agroecologie@hautsdefrance.chambagri.fr

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